Rechercher dans ce blog

Le pasteur, voleur du fonctionnement de chaque membre

C'est une tendance universelle dans la "religion chrétienne", comme dans beaucoup d'autres "religions", de donner une interprétation théologique ad hoc aux institutions qui se sont développées graduellement pour des raisons pratiques, et de projeter cette interprétation aux périodes primitives et d'enfance de ces institutions, les rattachant artificiellement à un âge où en fait personne n'a jamais imaginé qu'elles avaient une telle signification. (Richard Hanson)

(Lire aussi Qu'est-ce qu'un prophète ?)


Le pasteur

Il est la figure fondamentale de la foi protestante.
Il est le chef, le cuisinier, et le lave-vaisselle du christianisme moderne.

Le pasteur domine à ce point dans l'esprit de la plupart des chrétiens qu'il est plus reconnu, plus fortement admiré, et plus fortement approuvé que Jésus-Christ lui-même!


Retirez le pasteur et le christianisme moderne s'effondre

Retirez le pasteur et pratiquement chaque Église protestante est saisie de panique.
Enlevez le pasteur et le protestantisme comme nous le connaissons meurt.

Le pasteur est le point focal, le fondement principal, et la pièce maîtresse de l'Église moderne.
Il est l'incarnation du christianisme protestant.

Mais voici l'ironie profonde :
Il n'y a pas un seul verset dans tout le NT qui supporte l'existence du pasteur moderne!
Il n'existe simplement pas dans l'Église primitive...

(Notez que j'emploie le terme "pasteur" dans tout ce chapitre pour dépeindre le titre et le rôle du pasteur moderne. Je ne parle pas des individus spécifiques qui remplissent ce rôle. Généralement, ceux qui servent sous le titre de pasteur sont des personnes merveilleuses. Ce sont des chrétiens honorables, décents, et souvent doués qui aiment Dieu et ont une ardeur pour servir son peuple. Mais c'est le rôle qu'ils accomplissent que les Écritures et l'histoire de l'Église contredisent.) [1]


Le pasteur est dans la Bible... vrai ?

Le Terme "pasteur" apparaît bel et bien dans le NT : [2]

Et il a donné les uns comme apôtres, et les autres comme prophètes, et comme évangélistes, et comme pasteurs et docteurs (Éphésiens 4:11).

Les observations suivantes doivent être faites au sujet de ce texte :

- Éphésiens 4:11 est le seul verset du NT où le terme "pasteur" est employé [3]. Un seul verset est une preuve maigre sur laquelle fonder la foi protestante au complet! À cet égard, il y a plus de support biblique pour la manipulation de serpents qu'il y en a pour le pasteur moderne. (Marc 16:18 et Actes 28:3-6 mentionnent tous les deux la manipulation des serpents. Ainsi la manipulation de serpents l'emporte à deux versets contre un.) [4]

- Le terme est employé au pluriel. C'est "pasteurs." Ce qui est significatif. Quels que puissent être ces "pasteurs", ils sont pluriels dans l'Église, non singuliers. En conséquence, il n'y a aucun support biblique pour la pratique de "Sola Pastora" (pasteur unique).

- "Pasteur" traduit le terme grec poimen. Il signifie berger. ("le pasteur" est le terme latin pour le berger.) Le "pasteur" donc, est une métaphore pour décrire une fonction particulière dans l'Église. Ce n'est pas un office ou un titre. [5] Un berger du premier siècle n'avait rien à voir avec le sens spécialisé et professionnel qu'il a revêtu dans le christianisme moderne.

Par conséquent, Éphésiens 4:11 ne dépeint pas un titre pastoral, mais uniquement un rôle de plusieurs fonctions dans l'Église. Les bergers sont ceux qui fournissent naturellement la nourriture et les soins aux brebis de Dieu. C'est une erreur profonde, donc, de confondre des bergers avec une fonction ou un titre comme c'est généralement le cas aujourd'hui. [6]

- Tout au plus, ce texte est détourné. Il n'offre absolument aucune définition ou description de ce que sont les pasteurs. Il les mentionne uniquement. Malheureusement, nous avons rempli ce terme de notre propre concept occidental de pasteur. Nous avons intégré le concept moderne du pasteur dans le NT.

Jamais on ne verrait un chrétien du premier siècle imaginer l'office pastoral moderne! Les catholiques ont fait la même erreur avec le terme "prêtre." Vous trouvez le terme "prêtre" employé trois fois dans le NT pour se rapporter à un croyant [7]. Pourtant un prêtre dans l'Église primitive n'avait rien de l'homme qui s'habille en noir et qui porte un col renversé!

Richard Hanson fait le point quand il dit, "Pour nous les mots évêques, prêtres, et diacres sont associés à une période de presque deux mille ans. Pour les gens qui les ont employés la première fois, les titres de ces fonctions peuvent avoir signifié à peine plus que des inspecteurs, des hommes plus âgés et des aides... c'est quand la signification théologique peu convenable a commencé à leur être attachée que la déformation du concept du ministère chrétien a commencé." [8]

Dans mes livres "Rethinking the Wineskin" et "Who is Your Covering ?", je prouve que les bergers du premier siècle étaient les anciens locaux (presbytres) [9] et des surveillants de l'Église [10]. Et leur fonction était complètement en désaccord avec le rôle pastoral moderne.[11]


D'où est-il venu ?

Si le pasteur moderne était absent de l'Église primitive, d'où est-il venu ? Et comment s'est-il élevé à une position aussi importante dans la foi chrétienne ? C'est un conte douloureux, dont les racines sont embrouillées et complexes. Ses racines remontent à la chute de l'homme.

Avec la chute est venu un désir implicite chez l'homme d'avoir un chef physique par lequel il puisse s'approcher de Dieu. Pour cette raison, les sociétés humaines à travers l'histoire ont constamment créé une caste spirituelle spéciale d'icônes religieuses. Le chaman, le rhapsode, le faiseur de miracle, le sorcier, le devin, le sage et le prêtre ont tous été avec nous depuis la souillure d'Adam. [12]

L'homme déchu a toujours eu le désir d'ériger une caste sacerdotale particulière qui soit spécialement douée pour solliciter les dieux en son nom. Cette quête est dans notre sang. Elle vit dans la moelle de nos os. En tant que créatures déchues, nous cherchons une personne qui soit dotée de pouvoirs spirituels particuliers. Et cette personne se démarque toujours par une formation spéciale, une tenue particulière, un vocabulaire spécifique, et un mode de vie exceptionnel. [13]

Nous pouvons voir cet instinct sortir sa tête hideuse dans l'histoire de l'Israël antique.[14] Il a fait son apparition pendant la période de Moïse. Deux serviteurs du Seigneur, Eldad et Medad, reçurent l'esprit de Dieu et commencèrent à prophétiser. Dans sa réaction précipitée, un jeune fanatique pressa Moïse "de les en empêcher!". [15] Moïse réprimanda le jeune réprobateur en affirmant que tout le peuple de Dieu peut prophétiser. Moïse se plaça contre un esprit de cléricalisme qui essayait de contrôler le peuple de Dieu.

Nous le revoyons quand Moïse est monté sur Horeb. Le peuple voulait que Moïse fût un médiateur physique entre eux et Dieu. Pour eux, ils craignaient une relation personnelle avec le Tout-Puissant. [16]

Cet instinct déchu se manifesta de nouveau pendant la période de Samuel. Dieu voulait que son peuple vécût directement sous son Autorité. Mais Israël réclamait un roi humain à la place. [17]

Les graines du pasteur moderne peuvent même être détectées à l'époque du NT. Diotrèphe, qui "aimait à être le premier" dans l'Église, a d'une manière illégitime pris la conduite de ses affaires. [18] En outre, quelques érudits ont proposé que la doctrine des Nicolaïtes que Jésus condamne dans Apocalypse 2:6 soit une référence à l'élévation d'un clergé primitif. [19]

Avec sa recherche d'un médiateur spirituel humain, vient la hantise de l'homme déchu pour la forme de direction hiérarchique. Toutes les cultures antiques étaient hiérarchiques dans leurs structures sociales à un degré ou un autre. Malheureusement, les chrétiens post-apostoliques ont adopté et adapté ces structures dans leur vie d'Église.

Frank Viola, Le christianisme paganisé (traduit de l'anglais, découvert dans un pdf), début du chapitre 5


Notes

[1] Je mets l'accent sur le mot "pasteur" dans ce chapitre pour attirer l'attention sur la fonction plutôt que sur la personne qui l'exerce.

[2] La plupart des hommes et femmes qui deviennent des pasteurs n'ont jamais considéré les racines de cette fonction. On ne leur a jamais offert d'autre alternative pour servir Dieu. Ce qui, en effet, est une tragédie terrible. Néanmoins, bien que leur fonction soit sans mérite scriptural, les pasteurs aident souvent le peuple. Mais ils aident le peuple en dépit de leur fonction, pas à cause de celle-ci.

[3] Le dérivé du mot poimen est employé dans les Actes 20:28 et 1 Pierre 5 :2-3.

[4] Il y a autant de support biblique pour pasteur qu'il y en a pour le baptême pour les morts. Tous les deux sont mentionnés seulement une fois dans la Bible entière! (1 Cor 15:29).

[5] Le NT n'emploie jamais les mots grecs séculiers des autorités civiles et religieuses pour dépeindre des ministres dans l'Église. De plus, quoique la plupart des auteurs du NT aient été baignés dans le système sacerdotal juif de l'Ancien Testament, ils n'emploient jamais le mot hiereus (prêtre) pour se référer au ministère chrétien. L'ordination à la fonction présuppose un rôle statique et défini de direction d'Église qui n'a pas existé dans les Églises apostoliques. Marjorie Warkentin, Ordination: A Biblical-Historical View (Grand Rapids: Eerdmans, 1982), pp. 160-161, 166; Who is Your Covering? Chapitres 1-3.

[6] Il y a des hommes qui donneraient leurs dents pour être appelés "pasteur" ou "révérend." Les termes de Job viennent à l'esprit : "Je n'aurai point égard à l'apparence, et je ne flatterai personne - Car je ne sais pas flatter : Mon créateur m'enlèverait bien vite." (32:21-22).

[7] Apocalypse 1:6 ; 5:10 ; 20:6. Chaque croyant est un prêtre selon le NT. R. Paul Stevens, The Other Six Days: Vocation, Work, and Ministry in Biblical Perspective (Grand Rapids: Eerdmans, 1999), pp. 173-181.

[8] Hanson, Christian Priesthood Examined (Guildford and London: Lutterworth Press, 1979), pp. 34-35

[9] Ce mot est l'épellation dans les lettres anglaises du mot grec pour "ancien" (des presbuteros).

[10] Les termes "surveillants" et "serviteurs" furent plus tard "ecclésiastisés" dans les mots "évêques" et "diacres" (M. Smith, From Christ to Constantine, Downer's Grove: InterVarsity Press, 1971, p. 32).

[11] Rethinking the Wineskin, Chapters 5-6; Who is Your Covering?, Chapitres 1-2.

[12] Le "christianisme... a pris l'exemple des religions païennes qui trouvent difficile de comprendre ou d'approcher Dieu sans l'aide d'un homme qui dans un certain sens remplace Dieu, le représente et se sent appelé pour se consacrer à ce ministère représentatif" (Christian Priesthood Examined, p. 100).

[13] La marque de distinction de toute religion est un sacerdoce humain séparé.

[14] Walter Klassen, "New Presbyter is Old Priest Writ Large," Concern 17, 1969, p. 5. Voir aussi W. Klassen, J.L. Burkholder, and Jean Yoder, The Relation of Elders to the Priesthood of Believers (Washington: Sojourner's Book Service, 1969).

[15] Nombres 11:26 - 28.

[16] Exode 20:19.

[17] 1 Samuel 8:19.

[18] 3 Jean 9-10.

[19] F.W. Grant, Nicolaitanism or the Rise and Growth of Clerisy (Bedford: MWTB), pp. 3-6. Le mot grec de nicolaïte veut dire "conquérant du peuple." Le mot Nikos veut dire "conquérir" et le Laos signifie "le peuple." Grant croit que Nicolaites sont ceux qui font des "laïcs" du peuple de Dieu en élevant un "clergé" qui règne sur lui. Voir également Alexander Hay, What Is Wrong in the Church?, p. 54.



Berger ou mercenaire ?

Démétrius, l'orfèvre, ne pouvait trouver d'autre preuve à sa religion que : "Ô hommes, vous savez que notre bien-être dépend de cette industrie... Grande est la Diane des Ephésiens!"

Il poussait le peuple à adorer Diane pour des raisons financières.

Tout intérêt financier dans l'Église est mortel. Aussitôt qu'un homme se mêle de considérations financières, il cesse d'être un prophète, et devient un fils de Mammon. Son coeur dégénère et son esprit commence à mourir. S'il remplit un devoir ecclésial, accomplit un acte moral, exige une réforme, ou prêche une doctrine dans le seul but d'assurer son revenu, il n'est plus un vrai berger, mais un mercenaire.

Que L'Église soutienne ses ministres comme un pays ses soldats, afin de les libérer pour la bataille, semble tout à fait naturel pour la plupart des chrétiens. On trouve cet arrangement dans l'Ancien Testament, et on a repris à peu près le même système dans L'Église. Cette façon de procéder est sage, à condition que le prédicateur et le peuple soient de véritables enfants de Dieu.

L'Église a la lourde responsabilité de faire en sorte que le ministre soit libre financièrement d'enseigner ce qu'il croit du fond de son coeur. Le chantage financier est une arme terrible qu'on utilise parfois contre un homme qui prêche avec insistance une vérité dérangeante. Malheur à l'homme qui en est la victime. Mais, bien plus encore, malheur à l'église suffisamment basse pour l'employer.

Paul avait une profession sur laquelle il a toujours compté lorsqu'il en avait besoin, et je me demande s'il ne serait pas sage que chaque pasteur fasse de même. Il n'y a rien de pire que de s'incliner devant Mammon.

A.W. Tozer, The Price of Neglect, chapitre 13

Livre de l'apocalypse La Révélation continue Méfiez-vous des imitations!

Le site qui vous dit la vérité sur l'Apocalypse (cliquer sur les images)


J'élève mes yeux vers les montagnes d'où vient mon secours (Psaumes 121:1)